Chronique papetière (3)

       Le papier magazine dont plus personne ne veut a blanchi les rues de Douai, Arras, Lille ou Paris.
Abandonné par les pillards industriels, lancé dans les cieux républicains, il tombe où le pas des marcheurs à la tête baissée sur leurs Smartphones lui donne encore un tant soit peu de valeur ajoutée.
Sous la tour Europlaza, dans le quartier de la Défense à Paris, où personne ne recevra pas même un élu de la République, les gens du Nord expriment leur rancoeur scandinave dans un paysage aux allures polaires.

Reste l'espoir d'obtenir la préemption de la papeterie qui permettrait le rachat de la Machine 5, la dernière en France productrice de ce type de papier.
Une soixantaine de salariés restent sur le site pour bichonner cette Géante prise de cours par la révolution numérique.

       L'édifice végétal de l'information se transforme. La lecture du journal du matin qui crépite agréablement sous les doigts et qui a une odeur de pain chaud est aussi un parti-pris écologique: notre empreinte se confond avec celle du papier...